Les débuts des liaisons entre l’art et la finance remontent à la Rome antique et à Mécène, homme politique romain, protecteur des arts et des lettres, proche de l’empereur Auguste. Au fur et à mesure le mécénat s’est transformé. De plus en plus de donateurs s’attendent à un retour financier sur leur investissement dans le domaine de l’art. Le mécène ou philanthrope devient investisseur.

Depuis la crise financière, les banques et gérants de fortunes cherchent à diversifier la composition des patrimoines de leurs clients et voient l’art comme un nouveau type d’investissement. Les prix extraordinaires obtenus lors des ventes aux enchères et les profits générés sur certaines œuvres font rêver les investisseurs déçus par les chutes des bourses.

Pour certains, l’art est devenu une véritable classe d’actifs, au même titre que les valeurs mobilières ou l’immobilier. On essaie de le comprimer dans le moule d’un instrument financier : les œuvres sont prêtées, données en garantie, assurées, placées en fiducie ou même titrisées. Les initiatives liant l’art au secteur financier se multiplient : on trouve les fonds investissant dans l’art, les assurances spéciales pour les œuvres d’art, le port franc ou même un projet de bourse d’œuvres d’art.

L’affection de la finance pour l’art n’est pas en sens unique : les acteurs du monde de l’art s’intéressent aux nouveaux moyens de financement tels que le crowdfunding. Les artistes s’autofinancent, cherchent à contrôler leur cote par l’organisation de ventes publiques de leurs œuvres ou vendent leurs droits d’auteurs sous forme d’instruments financiers.

A l’heure actuelle, la difficulté consiste à concilier les deux mondes : le secteur financier est transparent, régulé et surveillé, alors que celui de l’art ne l’est pas.

L’entrée de l’art comme investissement dans le monde de la finance confronte ce secteur à certains dangers prenant la forme de risques à évaluer et à analyser : parmi eux, on trouve des risques connus (tel que le blanchiment d’argent), mais également des risques nouveaux pour le secteur financier, tels que ceux affectant l’authenticité de l’œuvre ou de son titre de propriété, sa perte ou détérioration, voire les caprices de l’artiste ou des collectionneurs.

Le monde de l’art doit, lui aussi, s’adapter suite à l’intrusion des acteurs du secteur financier. Pour continuer à attirer les clients de ce secteur et mitiger les risques auxquels ils ne veulent pas être exposés, le marché de l’art, le rôle des intervenants et la valorisation des œuvres devront augmenter en transparence. Or, cette levée de la nébuleuse du secteur de l’art n’est pas nécessairement voulue par tous.

Le but de la présentation consiste d’une part, à dévoiler, à l’aide de cas concrets, des dangers affectant les liaisons entre l’art et la finance. D’autre part, il s’agit aussi de montrer les atouts que le secteur financier peut avoir pour préserver un patrimoine artistique et protéger les artistes créateurs.

Being good in business is the most fascinating kind of art. Making money is art and working is art and good business is the best art”(Andy Warhol)